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une de ces gravelures que la tradition perpétue dans les régiments, n’ayant même pas l’excuse d’être spirituelles, et servant, depuis un temps immémorial à « remonter le moral » des troupes en marche :

Lorsque la boiteuse va voir son caporal,
Elle n’y va pas sans mettre son beau schall, etc.

Quelques farauds, voulant crâner, firent chorus avec l’officier. Leurs voix s’élevant au-dessus du piétinement des soldats en marche, engrenèrent en passant sur la colonne les voix de ceux qui sont toujours prêts à se mêler à n’importe quel bruit, et, lorsqu’ils arrivèrent au refrain, tout le monde chantait :

Ah ! le bon curé, que nous avons là.

refrain dont on avait cru bon d’allonger la chanson précédente.

La mécanique était remontée, il n’y avait plus qu’à la laisser aller. La cadence du chant, le plaisir de faire du bruit, tout cela « enlevait le pas », les hommes ne sentaient plus la fatigue.

Le détachement contenait nombre de recrues venant de Paris, où la ballade du Sire de Fisch ton Kan avait naguère fait fureur. Quelques-uns entonnèrent le premier couplet, et, au bout de