avancé, reculé, appuyé à droite, appuyé à gauche, tout cela au milieu des vociférations des gradés, ils reçurent enfin l’ordre de former les faisceaux.
Pendant la marche, les hommes échauffés par le mouvement, quoique traversés par la pluie, n’avaient pas trop senti le froid, sinon aux mains. Mais lorsqu’ils furent immobilisés dans ce couloir, fouettés par ce vent glacial, la chemise et la capote leur collant au dos, ils commencèrent à grelotter.
Malgré que l’ordre eût été donné de ne pas s’éloigner, ceux qui avaient de l’argent trouvaient le moyen, en faisant signe aux sergents ou à leur caporal, de se faufiler dans les débits et de s’y réchauffer d’un verre de vin ou d’alcool, tandis que d’autres achetaient à la cantinière des victuailles ou de la boisson qu’ils revenaient déguster à leur rang.
Mais le plus grand nombre dut rester autour des faisceaux, regardant d’un œil d’envie ceux qui pouvaient se désaltérer et casser une croûte.
— Nom de Dieu ! fit Mahuret, le commandant aurait bien pu trouver une autre place pour la halte. Si ça a du bon sens : mouillés par la pluie, trempés de sueur par la marche forcée que nous venons de faire, il s’amuse encore à nous arrêter au bord de la mer, dans ce couloir qui sert de cheminée d’appel à tous les vents de la contrée.