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oublié de mettre de l’eau dans mon bidon et serais bien aise de rencontrer une source.

— J’aimerais mieux avoir de quoi prendre un litre à la voiture de la cantinière, répliqua Mahuret.

— Ça serait plus réconfortant, mais nous n’avons pas le sou, et l’eau ne coûte rien, quand on en trouve. Je regrette de n’avoir pas gardé mon prêt, il y aurait toujours eu de quoi boire une goutte… Tiens ! nom de Dieu ! voilà la pluie… il ne manquait plus que cela !

En effet, les nuages du matin tombaient, depuis quelques instants, en une petite pluie froide et serrée.

— Zut alors ! s’exclama Mahuret, si ce temps-là continue, ce qu’on va avoir chaud pour la halte !

Le bataillon ayant tourné à droite venait de s’engager dans un chemin contournant une hauteur. En bas, on apercevait la mer. À la pluie s’ajoutait un petit vent qui glaçait les os à travers les vêtements.

Les officiers encapuchonnés dans leurs imperméables, marchaient de chaque côté, d’abord silencieusement, mais lorsque la colonne prit le pas de route, ils se réunirent par groupes, causant de leurs frasques, ou bien des petites misères du métier, remâchant leurs espoirs, supputant les chances