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une cruche ; mais l’ayant portée à sa bouche, il constata qu’elle était vide.

Au lieu d’en chercher une autre, ce qui aurait été plus logique — mais quand on a des galons, il faut bien le faire sentir, — il se mit à beugler de toutes ses forces :

— Quels sont les hommes de chambre !… Il n’y a pas d’eau, ici, nom de Dieu ! v’là une cruche qu’est vide… Que foutent donc les hommes de chambre ?… Les hommes de chambre !… à l’eau, tonnerre !…

Et comme personne ne répondait.

— Vous m’entendez ? les hommes de chambre à l’eau !

Silence sur toute la ligne, malgré les éclats de voix du cabot qui réveillaient quelques dormeurs.

— Nom de Dieu ! va-t-on me répondre ? est-ce que vous vous foutez de moi ? et, secouant un des dormeurs qui se trouvait à sa portée : Quels sont les hommes de chambre, ici ?

— Mahuret… Brossier… Caragut, articula, l’interpellé.

— Ah ! ah ! c’est Caragut, tonna le forcené, Caragut ! Caragut ! vous allez vous lever !… Où est Caragut ?…

— Qu’est-ce qu’il y a ? répondit ce dernier, réveillé en sursaut, à l’appel de son nom.