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sage à la tête des boutons qu’on fait tous glisser par la queue dans la rainure ; il ne reste alors qu’à les couvrir de tripoli et à les frotter avec une brosse longue et étroite que l’on nomme la brosse à patience. Par ce système on peut astiquer les boutons sans salir le vêtement, l’étoffe se trouvant garantie par la planchette.

Le troupier malin a trouvé le moyen de l’employer à un amusement ingénieux qu’il appelle : « passer à la patience »

Dans toute agglomération d’oisifs, on trouve toujours quelque souffre-douleur que son manque d’intelligence ou sa faiblesse physique désigne comme sujet d’expériences plus ou moins barbares à messieurs les loustics.

Voici donc comment on opère pour le « passage à la patience » : on se jette à cinq ou six sur le pauvre diable, on le renverse sur un lit, et, pendant qu’on lui maintient bras et jambes pour l’empêcher de se débattre, un des farceurs déculotte le patient, lui prend la verge qu’il fait passer par le trou de la patience, l’enduit de cirage, et, avec une brosse se met à l’astiquer « jusqu’à ce que ça reluise » selon l’expression usitée, ou jusqu’à ce que se produise certain accident qui a le don d’exciter l’hilarité de ces imbéciles.

Cette opération dont Balan était un des plus fer-