— C’est bien simple, justement je comptais sur vous autres. Quelqu’un, Brossier, par exemple, c’est le moins hardi, pourrait se glisser près de la porte, l’ouvrir, et traînant son sabre, crier : Fixe ! Je suis sûr que mes gars, surpris, n’ayant pas le temps de réfléchir, et la force de l’habitude aidant, vont croire à la présence réelle d’un officier attiré par le bruit. Étant en défaut, ils auront le trac, souffleront la chandelle pour pouvoir mieux se cavaler. Nous autres, nous sautons sur Balan, l’empêchons de gueuler et de bouger, et hardi ! la patience !
— Heu ! heu ! fit Mahuret, ils n’y couperont pas, ils savent bien que l’on ne crie pas fixe, la nuit, quand un officier passe dans les chambres, même pour un contre-appel.
— Je compte que, surpris, ils n’auront pas le temps de la réflexion.
— Il n’en coûte rien d’ailleurs d’essayer, dit Grosset, enchanté de faire une farce à un gradé.
En une seconde, Brossier fut mis au courant de ce que l’on attendait de lui, sans qu’il fût toutefois prévenu de ce que les autres voulaient tenter. Il s’agissait, lui expliqua-t-on, de débarrasser Yaumet de ses persécuteurs, en leur foutant le trac.
Dix secondes après, un « Fixe ! » magistral retentissait à l’extrémité de la chambrée.