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ral de la 28e avaient été désignés pour être versés à la 18e, qui devait faire partie de ce convoi. Ils devaient, le lendemain, descendre à Brest, rejoindre leur nouvelle compagnie.

Aussi, après la soupe, ils étaient partis en bande, avec la permission de minuit, quelques-uns ayant reçu de l’argent, Balan, Bouzillon, Luguet, toute la tierce, s’étaient attachés à leurs pas, sentant que l’on pourrait gobelotter à peu de frais. Il était évident qu’il y aurait, pour chacun, une forte biture à la clé, au retour, dans la nuit.

Ce qui arriva en effet, plus d’un flageolait sur ses jambes en rentrant à la caserne.

À la chambrée tout le monde dormait quand s’amenèrent les poivrots. Dormir ! ils n’en avaient nulle envie. Leur soirée les avait mis en gaîté, ils voulaient continuer à s’amuser. Et comme au régiment, s’amuser consiste à embêter les autres, toutes les farces de caserne furent mises à contribution.

Bouzillon proposa d’abord de « passer la ronde-major », ce qui fut accepté avec enthousiasme. Tous se mirent nus, comme des vers, se passant seulement un ceinturon avec le sabre, endossant le sac, se coiffant d’un schako, et s’armant d’un fusil ; Bouzillon alla décrocher une des lanternes qui éclairait la chambrée, et, gravement, ils défilèrent dans