Page:Grave - La Grande Famille.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tient le fusil, et la voix aigre des gradés, ordonnant par intervalles d’allonger le pas, Caragut aurait souhaité de continuer cette promenade, à laquelle il trouvait un charme délicieux.

Il était près de onze heures quand le bataillon rentra à Pontanezen, Caragut était presque gai, la fraîcheur des sensations qu’il venait d’éprouver, l’avait remonté et provoquait une détente de son état mental.

En rentrant, l’aspect de sa prison quotidienne lui donna un serrement de cœur, mais il venait de faire une large provision d’espérance et il s’endormit en rêvant d’avenir.


Le lendemain et les jours suivants, il fallut reprendre la série des exercices abrutissants ; les rêveries de la veille s’étaient envolées au coup de clairon du réveil.

Une lettre du parent, chez lequel était son père, que Caragut reçut un jour, l’avertissant que l’état de son père empirait, vint le replonger dans ses idées noires. En deux ans, il aurait perdu trois de ses proches. Il lui tardait de voir se terminer la journée pour s’isoler et donner libre cours à ses pensées.

Mais un départ pour la Cochinchine allait avoir lieu sous peu. Quelques hommes, ainsi qu’un capo-