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dans la journée, il n’osa pas courir la chance de s’esquiver sans motif après l’appel, ayant failli se faire pincer deux jours auparavant.

On était à la fin de septembre, la journée avait été splendide, le soleil était bas, à l’horizon, quand le bataillon fut appelé pour se mettre en marche.

On s’engagea d’abord sur la route qui longe la caserne, et Caragut avait pris assez maussadement sa place dans la colonne, rageant de n’avoir pu « couper » à la marche. Cependant la nuit enveloppant peu à peu la campagne, donnait aux objets environnants une teinte douce qui, réagissant sur le cerveau de Caragut, changea graduellement sa mauvaise humeur en une calme rêverie.

Ceux qui étaient en tête de la colonne découvrant dans l’herbe des lampyres, connus sous le nom vulgaire de vert luisant, dont l’éclat phosphorescent mettait dans le gazon comme autant de minuscules lampes électriques semées dans la campagne pour une illumination lilliputienne, se mirent à les ramasser ; et ce fut, aussitôt à qui mettrait des vers luisants au bout de son fusil.

C’était un curieux spectacle de voir des centaines de ces petites étoiles qui semblaient voltiger au-dessus de la noire colonne se perdant dans l’obscurité, car la nuit était tout à fait venue, fai-