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respirer, heureux d’en être quitte pour les menues observations habituelles, quand le général s’arrêta à l’avant-dernier lit, ordonna de le débarrasser de ce qu’il y avait dessus, fit enlever couvertures et draps et, d’un coup brusque, en culbutant le matelas, découvrit sur la paillasse, une chemise sale, un caleçon, des morceaux de drap, servant à astiquer, des loques de toile, des curettes, etc.

Le soldat était atterré, l’état-major se regardait en hochant la tête, les sergents serraient les fesses, le capitaine avait passé par toutes les couleurs et suait à grosses gouttes. Il n’osait rien dire devant le général, mais à la façon dont il regardait le délinquant, il était évident que le malheureux ne perdait rien pour attendre, pas plus que le caporal de chambrée ni le sergent de section.

— Hé bien ! mon garçon, goguenarda la vieille culotte de peau, on ne vous a donc pas averti qu’il ne fallait rien cacher dans les lits ?… Vous saurez ce que ça va vous coûter… Vous prendrez le nom de cet homme, fit-il en se tournant vers les galonnés.

Et il sortit heureux de l’effet produit, suivi de tout son état-major, pour aller recommencer la même comédie dans la compagnie d’à côté.


À peine eut-il les talons tournés que le capitaine