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sent sur ces détails, les mines qu’ils font aux contrevenants et les regards qui tombent sur ces malheureux. Tudieu ! ils auraient livré l’Alsace, la Lorraine, la Champagne et la Normandie par dessus le marché, qu’ils ne scandaliseraient pas davantage leurs supérieurs. À les voir s’emporter pour une chemise mal roulée, une brosse mal placée, on s’imaginerait que l’armée est compromise et que son sort dépend de la disposition de la trousse du soldat.


Enfin, de revue en revue, d’inspection en inspection, le fameux jour était arrivé pour Pontanezen. Le Grand Manitou était au quartier et avait commencé l’inspection dans les chambrées.

Depuis le matin à la 28e, — et il en avait été de même dans chaque compagnie, — les chambres avaient été balayées plus de quinze fois. Au dernier balayage, le sergent-major s’était aperçu que l’on n’avait pas ciré… les pieds de lits ! Aussitôt, il avait fallu que chaque homme s’armât de sa brosse à cirage et se mit à noircir les pieds de son lit. — Le cirage joue un très grand rôle dans l’armée, malgré son allure pacifique. — Le capitaine présidait et veillait à l’opération avec un sérieux !… comme si le salut de la compagnie dépendait de la