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disciplinaire que la Société met sur les hommes qu’elle contraint à la défendre contre eux-mêmes.

Et il en venait à souhaiter de ressembler à ses camarades, à envier leur insouciance. Ne vaudrait-il pas mieux, pensait-il, prendre le temps comme il vient, au lieu de me froisser de tout, de me dessécher d’indignations stériles et de colères inassouvies, pourquoi ne pas me résigner en opposant l’indifférence à la brutalité ? Et il allait remonter au poste quand il vit se diriger vers le greffe deux ouvriers du Port qui arrivaient de côtés opposés.

Deux ou trois fois, déjà, il en avait vu entrer, sans y prendre garde, pensant qu’ils allaient voir quelque employé ou faire quelque commission. Mais l’arrivée de ceux-ci alors qu’il ne se rappelait pas avoir vu sortir les premiers, l’intrigua et, s’adressant au factionnaire, il lui demanda ce que venaient faire ces individus que l’on ne voyait pas ressortir.

— Ce sont, répondit le camarade interpellé, des ouvriers du Port, punis de prison, qui viennent coucher à la boîte….

Caragut fut abasourdi. Des travailleurs punis de prison pour leur travail ! et acceptant bénévolement ce régime, venant à la fin de leur journée se constituer prisonniers pour subir leur peine !