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pleine activité : une forge où l’on fabriquait d’énormes pièces de fer entrant dans la construction de nouveaux navires. Caragut s’approcha pour jeter un coup d’œil à travers les vitres encrassées : on sortait du brasier un arbre de fer long de cinq à six mètres, mesurant environ un mètre cinquante de circonférence, et terminé à un bout par un renflement carré.

Cette énorme pièce était suspendue par de solides chaînes au bras d’une grue actionnée par la vapeur. Au sortir de la fournaise, la pièce était dirigée sous un marteau-pilon également mû par la vapeur qui, de sa pression, ajoutait au poids déjà formidable du mouton qu’elle déclenchait et dont on entendait les coups sourds aplatissant le fer comme une motte d’argile.

L’énorme pièce, chauffée à blanc, éclairait d’une lumière rougeâtre les silhouettes des travailleurs qui semblaient se mouvoir dans une apothéose de flammes de bengale. Il s’en dégageait une telle chaleur que les ouvriers ne pouvaient s’en approcher qu’en s’abritant derrière des plaques de tôle qu’ils portaient, en guise d’écran, devant eux.

Absorbé par le spectacle de ce travail tout nouveau pour lui, Caragut ne fut tiré de sa contemplation que lorsque les ouvriers, avertis de la cessation du travail par une grosse cloche installée dans une