Page:Grave - La Grande Famille.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.

templation d’un navire évoluant pour sortir du port ; deux hommes faisaient la manœuvre du magnifique pont tournant qui enjambe la Penfeld[1], afin de livrer passage au navire en partance, lorsqu’il vit ses camarades sortir tumultueusement du poste, baïonnette au canon ; il n’eut que le temps de courir prendre son fusil et de se ranger avec eux le long de la façade du corps de garde.

— Bon ! se dit-il, déjà la visite du jour !

Il ne fut pas peu étonné de voir que c’était la sortie des ouvriers qui motivait cette prise d’armes.

La grille avait deux portes ouvertes : à chaque porte se tenaient deux factionnaires du poste ; les ouvriers s’allongeaient en deux longues files passant entre deux gardiens du Port qui se tenaient également à chaque porte palpant les ouvriers au passage[2], faisant ouvrir les boîtes à ceux qui avaient apporté leur soupe, tâtant les poches, appuyant sur les ceintures, jetant sur tous un regard inquisitorial pour s’assurer qu’ils n’avaient rien volé à l’État, ne sortaient rien en contrebande.

Pour le coup, ce n’était pas à une sortie d’atelier que Caragut assistait ; il croyait voir défiler

  1. Rivière qui sert de port militaire.
  2. Aujourd’hui, paraît-il, les gardiens font entrer au poste, où se tient un autre gardien, ceux qu’ils veulent faire fouiller.