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pour se disputer une province. Étant donné le courant d’idées qui se développe, ceux qui nous dirigent commencent à avoir peur de la guerre. Mais comme ils ont besoin de l’armée à leur service, qu’il faut bien en justifier le maintien, on les emploiera à aller « civiliser » — c’est le terme consacré — les peuples que l’on qualifie « d’inférieurs », parce qu’ils ne sont pas encore arrivés à notre état de développement. Cela aura un triple avantage : ce sera la justification des armées permanentes, cela permettra d’ouvrir des débouchés nouveaux aux produits nationaux, nécessitera une augmentation du personnel fonctionnaire, et par-dessus le marché, les soldats pourront, dans ces entreprises, se faire la main pour les besognes à venir. Ce n’est donc qu’à son corps défendant, poussée par les circonstances, comme le besoin de dénouer des complications intérieures, que la gent gouvernementale se déciderait à une guerre continentale.

Les conquêtes coloniales, voilà le rôle futur des armées. Aujourd’hui l’humanité se borne à la seule race blanche — et dans celle-ci, n’y a-t-il encore que « l’élite » qui compte. — Des « savants » ne craignent pas de le déclarer : l’Européen a le droit, pour se développer, de détruire tout ce qui n’est pas en état de lui résister. Le fait seul de disparition des races, dites inférieures, devant les empiète-