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nous serions en proie aux pires cataclysmes ; les hommes se déchireraient, il n’y aurait plus de développement possible, plus de vie assurée ! Et comment ne pas croire à la vérité de ces axiomes, quand les vérités contraires ont toutes les peines du monde à pouvoir se produire, quand elles ne peuvent se faire entendre que d’une voix timide et détournée ?

Si l’existence de l’individu se développe sans avoir trop à souffrir des institutions qu’on lui donne à respecter, sans qu’elles le froissent de trop lorsque les circonstances le mettent en contact avec elles, il croit à leur efficacité, il les considère comme la sauvegarde de sa sécurité, et passe par les petits inconvénients, les acceptant comme les tares inévitables de l’imperfection humaine. Ne lui a-t-on pas appris à considérer la Société Humaine comme un être supérieur auquel doit s’immoler l’humble individualité !

Il faut que ces institutions en arrivent à le blesser bien profondément, qu’il ait amèrement à se plaindre de leur partialité, que son tempérament l’incite fortement à l’analyse des choses pour que son cerveau réagisse contre l’éducation première et les idées préconçues que l’on y a fourrées à force de les ressasser. Et encore, ses premières observations, ses premières critiques restent-elles à l’état