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des hommes, alors pourquoi s’arrêter à l’appliquer entre nations seulement ? Pourquoi ne pas l’étendre aux relations individuelles ? Pour quelles raisons irais-je me battre à des centaines de lieues contre des gens qui ne m’ont rien fait, quand, à côté de moi, j’en ai qui me froissent tous les jours dans ma liberté, me gênent dans mon évolution, me rationnent ma pitance et m’empêchent de satisfaire la plupart de mes besoins ?

Si les hommes doivent s’arracher leur pâture, se disputer la possession d’une portion de terrain, s’éventrer pour se faire place au soleil, qu’on le dise carrément, et alors, au lieu de me ruer sur des individus qui ne m’ont rien fait, que je ne connais pas, dont l’existence ne gêne pas la mienne, je tournerai ma force contre ceux qui m’exploitent, contre ceux qui, dans ma propre patrie, ne m’ont laissé aucune place pour m’installer un abri, pas un seul coin de terrain pour y cultiver de quoi me nourrir, ne me laissant même la possibilité d’employer ma force de production s’ils n’ont pas intérêt à l’exploiter, et qui, comble de dérision, ne me laissent même pas le droit de me promener à ma guise, me feront un crime de ne pas avoir de domicile, m’enfermeront comme un malfaiteur, quand leur exploitation m’aura réduit à coucher à la belle étoile.