faire, elle ne t’a rien fait cette haie pour que tu la charcutes de la sorte.
Caragut avait repris sa route, remettant son sabre au fourreau.
— C’est vrai, fit-il, quand je pense à toutes ces choses, ça m’exaspère. Voyons ! qu’est-ce qu’elle rapporte la guerre pour qu’on la trouve juste et nécessaire ? N’est-elle pas aussi néfaste aux vainqueurs qu’aux vaincus ? Malgré les dépouilles qu’il tire du vaincu, le vainqueur n’est-il pas incomplètement soldé de ses frais de conquête ?
L’un et l’autre n’y perdent-ils pas la partie la plus vive de leur population ? Ne sont-ils pas ensuite forcés de consacrer le meilleur de leurs forces productives à regarnir leurs magasins, à reconstituer leurs arsenaux, à transformer leur matériel de guerre ? Et la jeunesse qui se pourrit dans l’oisiveté de la caserne, et dont ils éparpillent les cadavres sur les champs de bataille, ne serait-elle pas mieux aux champs et à l’atelier pour produire au lieu d’absorber le travail des autres ?
Si encore, la guerre avait l’excuse de la nécessité ; mais non, rien de plus absurde que les prétextes mis en avant pour entraîner deux peuples à se massacrer. Et si on connaissait les mobiles réels qui font agir ceux qui occasionnent ces catastrophes, ce serait bien plus absurde encore. Qui saura