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nutes, les bataillons de Brest continuèrent leur chemin pour rentrer en ville, pendant que celui de Pontanezen regagnait son campement dont il n’était pas éloigné.

Caragut était devenu soucieux, malgré les plaisanteries de Mahuret ; à deux ou trois reprises, pendant le pseudo-combat, il avait vu se profiler, au bout de son fusil, les silhouettes de quelques-unes de ses bêtes noires ; et, palpant dans sa poche, les cartouches qu’il avait cachées, l’idée d’avoir des cartouches à balle hantait son cerveau… Ce serait si facile !


Le soir, à la distribution du courrier, le sergent de semaine appela Caragut et lui remit une lettre qu’il se dépêcha d’ouvrir.

— Des nouvelles de chez toi ? fit Mahuret.

— Oui, mon père est malade ; les fièvres l’ont repris, il est retourné au pays. C’est le cousin de mon père qui m’avertit que la maladie se complique de phtisie et qu’on n’espère pas le sauver.

— Mais alors, puisque tu as une jeune sœur, à ce que tu m’as dit, tu pourrais être renvoyé comme aîné d’orphelin, si ton père vient à mourir ?

— Oui, seulement tout en ne professant pas, pour mon père, un amour des plus ardents, je ne souhaite pas sa mort. Pourtant, je sens bien que