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des vantardises ; peut-être, même, ne nous en disaient-ils pas le plus édifiant !

L’ivresse des combats, la vue des cadavres et du sang qui coule, la volupté de « descendre », à coups de fusil, des êtres vivants, la jouissance de sentir s’enfoncer la baïonnette dans des chairs palpitantes, doivent complètement dépraver les brutes que recouvre l’uniforme, et je commence à me rendre compte du sort réservé aux malheureuses populations que l’on nous envoie « civiliser ! »

On nous a peint la guerre sous ses dehors séduisants : exaltant l’héroïsme des individus qui font le sacrifice de leur existence, glorifiant l’amour de la Patrie ! le dévouement au drapeau ! la gloriole du commandement, la fascination des galons, des panaches et de la ferblanterie des décorations.

Pour nous en dégoûter, il suffirait de la peindre sous ses véritables couleurs ; des chefs ne saisissant pas la portée des commandements qu’ils transmettent ; des brutes se battant sans savoir pourquoi, marchant sans se demander où on les mène, de nous raconter sous leur jour véritable, les exploits des vainqueurs dans les pays vaincus, avec leur cortège de meurtres, de viols, de spoliations de toute sorte qui suivent la conquête.

— Qu’est-ce que tu veux y faire ? Puisqu’il en a toujours été ainsi et qu’il en sera toujours de