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dans un lacis de chemins tortueux, et ne savait où il se trouvait quand ses éclaireurs que, fidèle à la théorie, il avait envoyés en avant, lui signalèrent la marche du détachement de Rousset. Il avait alors commandé à ses hommes de se tenir, immobiles et silencieux, derrière les talus de clôture, prêts à faire feu, à son ordre, sur les arrivants.

Et comme les hommes s’étaient un peu débandés à droite et à gauche à la recherche d’un passage, et qu’il n’avait pas eu le temps de les rallier, ils se trouvèrent ainsi envelopper la prairie où s’était engagé Rousset ; prise de face et sur les flancs, la colonne ne savait de quel côté riposter. Rousset en fut tellement démonté qu’au lieu de donner l’ordre de battre en retraite et de chercher un refuge derrière les talus qu’on venait d’abandonner, il leur donna l’ordre de mettre baïonnette au canon et de charger sur les levées de terre d’où ne cessait de partir la fusillade.

Les hommes, toujours courant, mirent baïonnette au canon, mais pas un n’en aurait eu le temps s’il se fût agi d’un combat réel.

Pendant plusieurs minutes ce fut une pétarade épouvantable ; les hommes s’excitaient au bruit, tentaient de franchir les haies, d’escalader les talus, envoyant des coups de fusil à tort et à travers, véritablement affolés de bruit et de mouvement.