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bonheur, plutôt que selon des raisons plausibles. Les soldats marchaient au hasard du commandement, sans comprendre la cause déterminante des mouvements Les officiers faisaient joujou.

La colonne de Brest s’arrêta un moment dans le mouvement de retraite, pour simuler une attaque sur le front de bataille ; mais les officiers de Pontanezen prévenus de ce mouvement par le plan détaillé qu’ils avaient entre les mains, firent « ouvrir un feu terrible » sur les assaillants qui durent se replier devant cette « défense héroïque », et continuer leur retraite, poursuivis par la colonne de Pontanezen devenue assaillante à son tour.

Et la poursuite commença à travers les terres labourées : il fallut escalader les talus, sauter les ruisseaux, se frayer un passage à travers les haies, pataugeant dans la boue, défoncer dans les prairies humides, tout en tiraillant sans savoir sur quoi.

Les officiers s’agitaient, se démenaient, comme si « c’était arrivé » ; les coups de fusil, les cris et les engueulements, l’exercice violent, l’escalade des obstacles, tout cela commençait à entraîner les hommes, à les animer, à les enflammer, comme s’il se fût agi d’un combat réel. Ils se lançaient à travers les haies, sautant les fossés, franchissant les clôtures, excités par la poursuite, gueulant