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liberté la plus complète de combiner leurs mouvements en se guidant d’après ceux de l’ennemi, et en subordonnant leur tactique à la sienne ; car s’il y a une chose qui échappe aux prévisions, ce sont les incidents d’une lutte où se trouvent engagés des centaines, des milliers d’hommes.

Vous pouvez, de votre cabinet, peser toutes les chances de réussite, calculer les mouvements probables de vos adversaires, envisager tous les cas qui se peuvent présenter, vous croyez avoir tout prévu, et il arrive qu’un détail insignifiant déjoue toutes vos combinaisons, et qu’une manœuvre que vous aviez prise pour une conception de génie, se trouve être une faute impardonnable.

Mais il est convenu que, dans l’armée, rien ne doit être laissé à l’imprévu. Pour laisser place au possible, il faudrait desserrer les courroies de la subordination. Toute manœuvre qui se respecte doit donc avoir ses plans arrêtés. Aussi, les officiers de Brest avaient-ils reçu chacun ses instructions. On savait le temps que durerait la petite guerre, les routes que l’on devrait suivre.

Il était convenu que Brest attaquerait et que Pontanezen se défendrait pour prendre, ensuite, l’offensive ; l’initiative des officiers se trouvait donc réduite à bien peu de chose et le simulacre de combat n’était plus qu’une comédie au dénouement