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De plus, très vaniteux de ses galons, il avait pris l’habitude de replier sa main pour saisir le bord de la manche de sa vareuse et de tourner légèrement le poignet pour que ses sardines fussent bien en évidence.

— Farges ! reprit-il, Farges !.. où est-il ?.. Il est donc sorti cet animal ? Il me faut pourtant quelqu’un… Tenez ! Caragut, vous qui ne faites rien, vous allez donner un coup de brosse à ma vareuse et astiquer mon ceinturon ! Il faut que je sorte. Vous me les rapporterez à la chambre de détail.

— Pardon, caporal Balan, je ne suis pas payé pour être votre larbin ; faites faire votre travail par qui bon vous semblera, moi j’ai assez du mien. Chacun pour soi ici.

— Ah ! c’est vrai, j’oubliais qu’il ne faut rien vous demander. C’est bon ! je m’en rappellerai, à l’occasion… Tenez, Brossier, continua Balan, en s’adressant au voisin de droite de Caragut, vous me rendrez bien le service de donner un coup de fion à mon fourniment ? Le voilà, et il jeta vareuse et ceinturon sur le lit. — Je cours à la chambre de détail, le chef m’attend.

— Tonnerre de Dieu ! hurla Brossier, — sitôt que Balan eut les talons tournés, — attends un peu que je vais les astiquer tes boutons ; ce n’est pas de les frotter que je les userai.