— Oui, ajouta Caragut, mais comme il en cuirait pour celui qui le crèverait, personne ne se risque. Ce sont des choses qui ne se déclament pas lorsqu’on a envie de les faire.
C’est comme cela que ceux qui nous commandent se maintiennent. C’est notre peur à tous qui leur donne le droit de nous insulter et qui fait qu’il en coûte si cher à celui qui paie d’exemple.
On nous a lu, tout à l’heure, les marques extérieures de respect qu’il fallait leur prodiguer ; tous les samedis, on nous lit le code pénal pour nous apprendre à quel taux sont tarifés nos manquements à la discipline, de combien d’années de notre existence nous devons payer un refus d’obéissance, une réplique à des grossièretés.
Seulement, il n’est jamais question de nos droits à nous. On nous dit bien que les chefs doivent nous traiter avec douceur, qu’ils doivent nous rendre le salut ; pour eux, il n’est pas question de peines à encourir ; le conseil de guerre n’est pas mentionné en même temps que la recommandation pour leur prouver que ce ne sont pas formules en l’air.
— Dame ! après tout, fit Loiry, il faut bien de la discipline, les chefs sont les chefs, il faut qu’ils puissent se faire obéir. S’il n’y avait pas de discipline, qu’est-ce qu’ils feraient d’un tas de rossards comme il y en a ?