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mée de nos querelles politiques[1] ; pourquoi les poètes la couvrirent de fleurs, la parèrent de toutes les vertus, chantèrent ses louanges. L’institution ne peut se maintenir qu’en trompant ceux qui sont appelés à la composer, sur sa nature et sur sa destination.


Il en était là de ses réflexions, quand le nom de Quervan prononcé dans un groupe voisin lui fit lever la tête.

Le pauvre diable avait été condamné à dix ans de prison ; il avait dû « défiler » un matin, dans la cour du quartier à Brest ; un détachement de la 28e avait été commandé exprès, composé de recrues, pour y assister. Un de ceux qui en faisaient partie racontait ce qui s’était passé :

— Il y avait là plusieurs compagnies de Brest, en armes ; on nous a fait mettre en carré ; au milieu il y avait un groupe d’officiers avec un commissaire de la marine.

Quatre hommes, baïonnette au canon, ont amené ce pauvre Quervan. Je ne l’aurais pas reconnu, tant il était changé. Le commissaire de la marine lui a lu le jugement qui le condamnait à dix ans, on lui

  1. À l’époque où se passe notre action, Au Port d’armes, de Fèvre ; Sous-offs. de Descaves ; Biribi, de Darien n’avaient pas encore vu le jour. L’Homme qui tue, de France, était bien paru, mais inconnu du grand public et notre héros est excusable de l’ignorer.