but, il n’y a pas à regarder à quelques pions de plus ou de moins. Qu’importent les victimes, si le résultat visé est obtenu !
Tenez, je crois qu’en 70, on a été trop humanitaire : si les généraux, au lieu d’hésiter devant certains sacrifices nécessaires, avaient hardiment lancé, coûte que coûte, leurs hommes sur les Prussiens, je suis certain que nous aurions été vainqueurs !
— Et puis, il n’y a pas à dire, reprit Corteau, nous sommes soldats, c’est pour nous battre. Si on veut que les officiers connaissent leur métier, la guerre est utile, elle est nécessaire. Les manœuvres que l’on nous fait faire, c’est de la blague, ça n’est jamais comme lorsqu’on se bat pour de vrai. Nous avons les colonies, je veux bien, mais on n’y fait pas la guerre en grand, comme je l’entends. S’emparer d’un village, et y foutre le feu, disperser une centaine d’hommes, mal armés, et sans aucune discipline. Quelle belle fouterie ! ce n’est pas ça qui vous apprend la stratégie. Cent mille hommes en présence, de chaque côté, à la bonne heure ! je comprends cela ; il y a de quoi développer les ressources de son imagination. D’autant plus que maintenant on est forcé de laisser à chaque fraction une certaine autonomie, et que l’on n’est plus astreint à suivre les ordres à la lettre. Oh ! bon Dieu !