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moins de ses différents grades, pour cause d’ivrognerie ; — il était de notoriété qu’on le ramassait souvent, ivre-mort, dans les fossés de la route de la Vierge. — À part cela pas mauvais garçon pour ses hommes lorsqu’il était à jeun.

— Croyez-vous, disait-il, que ce soit une existence que nous menons. On végète, il faut attendre une éternité pour obtenir de l’avancement, s’encroûter dans des détails inutiles, plus bêtes les uns que les autres. Est-ce une situation de rester dans les grades inférieurs ? Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne guerre ; il y aurait, certainement des morts, mais il y a des risques partout, cela ferait de la place pour ceux qui resteraient ; les survivants pourraient, au moins, compter sur de l’avancement.

Et les autres officiers, opinant de la tête, s’accordaient à trouver également que la vie est dure, que l’on moisit dans les emplois, qu’un bon coup de chien satisferait pas mal d’ambitions ; l’armée, du moment qu’elle existe, ayant besoin de l’état de guerre pour se développer.

— Sans compter, reprenait un autre, que ce sont les pistonnés qui, en temps de calme, vous passent sur le dos ; tandis, qu’en temps de guerre on peut arriver à se faire remarquer.

— Il n’y a même que là, dit Corteau, que l’on