Page:Grave - La Grande Famille.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’avoir pu « rallonger la ficelle », pour parler son langage.

C’est là que commence à se former la réputation de « mauvaise tête » qu’acquiert en peu de temps celui qui regimbe sous la torture. Malheur à lui, s’il devient la bête noire de la gent galonnée, une punition entraînant l’autre, et la règle étant, pour les haut gradés, d’augmenter toujours celui qui est « puni » trop souvent, les compagnies de discipline ne tardent pas à compter un hôte de plus.

Bracquel s’en donnait à cœur joie, heureux d’utiliser ses instincts de tortionnaire. Aussi voulant pimenter un peu son ragoût, il ordonna l’escrime à la baïonnette.

Dans cet exercice, en plus du poids de l’arme ; qui vous brise les bras, il faut écarter les jambes, fléchir sur les jarrets, les cuisses presque horizontales, et manœuvrer dans cette posture incommode. C’est le comble de l’art. Au bout de cinq minutes on a les reins, les bras et les jambes cassés ; après dix minutes c’est intolérable.

Bracquel se délectait en voyant les yeux injectés de ses victimes, guettant anxieusement sur sa physionomie, un geste faisant prévoir le commandement qui, en les changeant de mouvement, les délasserait momentanément.

Quelques physionomies reflétaient la colère, mais