brisques qu’il avait de rengagements, vrais certificats d’abrutissement qui ont disparu aujourd’hui des régiments, mais dont il restait encore des échantillons à cette époque. Quand ils s’étaient bien distingués dans cet emploi, on les nommait adjudants, ce qui était le bâton de maréchal pour ces brutes alcooliques, absolument inaptes à toute besogne utile et intelligente.
Usant et abusant de l’autorité qui leur était conférée par un méchant galon argenté, sachant pousser, jusqu’à l’extrême limite, la fatigue des hommes placés sous leur coulpe, quelques-uns de ces Torquemada étaient renommés dans les régiments pour leur férocité ; leur souvenir se transmettait de classe en classe, dans les légendes du régiment.
Le 2e régiment d’infanterie de marine possédait deux de ces vieux brisquards fonctionnant à Brest, mais le bataillon de Pontanezen, simple détachement, était privé de ce bonheur. C’étaient les sergents de garde à la police qui présidaient au peloton.
Bracquel aurait été digne de remplir ces fonctions spéciales ; il avait l’intuition de la science du tourmenteur, et connaissait le maximum de douleur physique et morale qu’il pouvait infliger à ses victimes.
Manier un fusil n’est rien ; mais le garder plu-