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s’il s’était agi d’une promenade hygiénique. Ils s’agenouillèrent, tendirent le cou au coupe-coupe de l’exécuteur — c’est un Annamite qui remplit les fonctions de bourreau — et moururent sans jeter un cri. Daï Phong vit exécuter devant lui ses deux camarades sans broncher ; pas plus que ses deux compagnons, du reste, il ne laissa voir aucun tressaillement. C’est tout ce qu’il y a de plus insensible comme brutes dans ces pays-là.

— Et pourquoi les nomme-t-on des pirates ?

— Je ne sais… C’est un nom qu’on leur donne… comme ça… Peut-être parce qu’ils sont toujours en révolte contre nous, ne veulent pas se soumettre. Ils ont la haine de l’Européen. Ce sont eux qui harcèlent nos détachements, attaquent les postes isolés, les massacrant s’ils peuvent les surprendre, coupant le cou aux sentinelles qui ont le malheur de s’endormir en faction ou l’imprudence de ne pas surveiller les buissons qui les entourent.

— Alors, à ce que je vois, ce seraient les patriotes de là-bas ?

En 70, les Prussiens n’ayant pas voulu reconnaître aux francs-tireurs qu’ils capturaient, la qualité de belligérants, et, en ayant fusillé un certain nombre, on les a traités de bandits, de sauvages, de barbares, etc. À ce que je vois les Français ne se gênent pas pour en faire autant en Cochinchine.