Page:Grave - La Grande Famille.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’on vous faisait faire là, ne put s’empêcher de remarquer Caragut. Ce n’était pas assez de les forcer à travailler pour vous, vous les rossiez par dessus le marché.

— Ho ! intervint Loiry, ces rosses d’Annamites ne veulent pas travailler ; sans les coups de rotin on n’en ferait rien, assurément.

— Puis, continua Laugère, nos officiers tripotaient surtout sur le personnel, ils avaient un certain chiffre d’Annamites portés sur leurs rôles, mais il en manquait toujours bien la moitié : ils empochaient la différence, sans compter ce qu’ils raflaient sur le salaire attribué à tous ; il n’y avait pas de contrôle possible ; quand les Annamites réclamaient on les bâtonnait, on les bâtonnait aussi pour les activer au travail. On pouvait taper dessus, ça ne leur faisait rien ; on tapait comme des sourds, ça ne les faisait même pas crier.

Mais aussi nos officiers n’étaient pas rosses avec nous ; comme l’argent ne leur coûtait rien, ils nous payaient largement le travail qu’ils nous faisaient faire ; quand on leur rendait quelque service, ils lâchaient facilement la pièce.

— Mais il n’y avait donc pas d’inspecteur qui visitât les travaux, qui se rendit compte de ce qui se faisait, qui contrôlât le personnel ?

— Si fait, mais comme l’administration était