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On le relâcha enfin sur l’ordre du capitaine qui venait de descendre, et s’apercevait que la peau commençait à céder sous la morsure des brosses. Et chacun se dispersa pendant que Yaumet se rhabillait encore mouillé.


— Revue d’armes à deux heures par le capitaine ! était venu annoncer Bracquel, sitôt la visite de santé terminée.

Plus que Loiseau, plus que Bouzillon, Bracquel était haï à la compagnie. Loiseau et Bouzillon « estampaient les bonnes têtes », en le faisant à la rigolade ; tout en punissant ferme, ils se donnaient si bien l’air bon enfant en présentant la punition qu’ils prononçaient comme une farce des plus amusantes, qu’on finissait par croire à leur « bongarçonnisme » et que les punis, eux-mêmes, ne semblaient pas leur en vouloir outre mesure : « Ils étaient si rigolos ! » C’était une blague un peu forte, voilà tout.

Avec Bracquel il en était tout autrement. Encore plus gommeux et plus prétentieux que Bouzillon, il portait manchettes et col officier qu’il dissimulait lors des revues et inspections. Ayant la prétention à l’épaulette, il se redressait comme un pou sur une gale, prenant des airs cassants lorsqu’il parlait