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Le sergent Bouzillon est donc en train d’inculquer, aux défenseurs de la patrie, les saines notions de l’école de section… et de l’aménité militaire.

Il gueule d’autant plus, qu’il sent les officiers sur son dos, à quelques pas de lui, arrêtés à le regarder, et qu’il faut faire preuve de zèle.

Tant pis, si, à force de rester trop longtemps sur le même mouvement, les hommes du peloton sentent s’ankyloser leurs bras sous le poids du fusil, il faut que Bouzillon montre aux officiers qu’il « connaît son affaire ». Il concourt pour le tableau d’avancement, il veut avoir de bonnes notes, les hommes trimeront. Il passe donc devant le rang, inspectant la position de chacun, rectifiant le port de l’arme, faisant ouvrir ou resserrer l’angle formé par la position des pieds.

Quelle que soit la fatigue des hommes, qu’ils se gardent de la laisser voir ! si, par l’effet de son poids, le fusil a des tendances à descendre le long de la cuisse, l’aimable appellation de « Jean-foutre », « d’andouille », « de bougre d’idiot », ne tarde pas à le ramener à l’attitude réglementaire ; tandis que le prétexte de rectifier la position fournit l’occasion de laisser le peloton plus longtemps sur le mouvement.

Enfin ! après avoir bien rectifié, bien engueulé, bien sacré, Bouzillon commanda : « Présentez…