Mais n’ayant jamais eu dans sa famille à faire acte d’initiative, sa timidité naturelle l’empêchait encore ici de se lancer à l’aventure, de se rendre dans un pays inconnu où il ne trouverait personne qui voulût le piloter.
D’autant plus que son père lui avait laissé un tas de petites dettes criardes à liquider : il était absolument sans le sou, et dut se résoudre à rejoindre le régiment qui lui serait désigné.
Quelques semaines après le départ de son père, il recevait sa feuille de route lui enjoignant d’avoir à se rendre, le 20 octobre au matin au bastion de la porte de Vanves pour être dirigé sur le 2e régiment d’Infanterie de Marine en garnison à Brest.
Les quelques semaines de liberté qu’il venait de passer avaient suffi pour lui vivifier le sang, atténuer son aspect souffreteux. Rien que de ne plus entendre personne crier après lui, sa taille s’était redressée.
Suivant toujours le cours de ses pensées, il se voyait piétinant dans la boue, sous la pluie, dans la cour du poste-caserne de la porte de Vanves, où, après s’être morfondu pendant trois ou quatre heures avec les camarades, avoir répondu à l’appel une demi-douzaine de fois, on finissait par les re-