désespoir de ne constater aucune amélioration dans son état.
Il fallut que Caragut déployât beaucoup de patience et de persuasion pour vaincre les répugnances de la malade dont le soin lui était confié, la sœur travaillant au dehors, et le père très peu patient de son naturel, et parfait égoïste au fond, n’ayant guère le tempérament d’un garde-malade.
De plus, c’étaient, de temps à autre, les froissements inévitables entre le père toujours jaloux d’exercer son autorité et le fils souvent pris d’accès de rébellion. Une fois même, ils faillirent en venir aux mains et le jeune homme ne se soumit que pour éviter ce chagrin à sa mère qui trouvait encore la force de se mettre entre eux. Cet esclandre eut pour heureux résultat que si, par la suite, le père Caragut continua à toujours être despote et ronchonneur, il n’en vint pourtant plus aux coups.
C’était enfin la crise finale ; après dix-huit mois de maladie et de souffrances la pauvre femme s’éteignit doucement.
Le matin, en s’éveillant, Caragut l’avait entendue se plaindre, haleter, prononçant des paroles incohérentes, et paraissant sous le poids d’une grande oppression. Il la réveilla pour l’arracher au cauchemar qui l’obsédait. À son air égaré, à ses yeux déjà voilés, il comprit que la crise dernière était proche.