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à apprendre encore, sans aucun profit réel comme instruction, il effleurait seulement une foule de sciences qui probablement lui resteraient toujours étrangères ; mais voulant connaître le pourquoi des choses et ayant l’esprit critique net et développé, cela s’était assez bien ordonné dans sa mémoire sans confusion.

Aussi, en dehors de cette conception indécise de communalisme, qu’il avait adoptée pour l’avoir entendue prôner dans les réunions et les journaux du siège, mais qui ne représentait, au fond, aucune amélioration économique, il commençait à entrevoir l’antagonisme qui sépare les possédants des non possédants, les gouvernants des gouvernés. Une vague lueur s’éveillait, dans son cerveau lui laissant soupçonner que la société est mal organisée, qu’un changement politique n’est pas suffisant pour améliorer la situation des exploités ; et, sans conclure encore à l’inefficacité du suffrage universel, une vague intuition lui disait que la bourgeoisie ne consentirait nullement à laisser amoindrir ses privilèges, et qu’une transformation sociale en faveur des travailleurs ne serait possible qu’au moyen d’une révolution.

Tout cela bien confus encore dans son cerveau, plutôt intuitif que nettement défini, confirmait son dégoût pour le métier de soldat.

À ces remembrances d’une enfance peu gaie,