Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus qu’à se croiser les bras, et laisser la bourgeoisie tripatouiller la vie sociale à son aise ?

Je sais qu’il y a des esprits ainsi faits qui ne voient jamais qu’un côté des choses. Quand, une fois, ils se sont consacrés à une des subdivisions de l’activité mentale, ils veulent absolument faire de cette subdivision, le moteur principal de toutes les activités humaines, et lorsqu’ils ne nient pas ce qui n’est pas du ressort de leurs études, ils veulent à toutes forces le subordonner à leur idée fixe, et ne l’accepter que comme une dépendance de l’objet de leurs aptitudes.

Les partisans du vote raisonnent un peu comme cette sorte de gens : « Vous ne voulez pas voter, donc vous ne voulez rien faire », nous disent ils.

Or, pour des gens qui veulent s’emparer du pouvoir, d’où l’on doit prévoir tous les besoins d’une agglomération sociale, parer à toute difficultés, organiser tous les services que comporte une société, les réglementer et les ordonner pour que tout marche d’une façon parfaite, c’est faire montre d’un esprit absolument étroit ; lorsqu’il faudrait, au contraire, faire preuve d’une compréhension encyclopédique.

Voulant confier à quelques-uns la direction de tous, c’est admettre que ces quelques-uns, pour s’acquitter adroitement de leur tâche, possèdent toutes les connaissances humaines ! — Ils commencent par raisonner comme des gens bornés.

Il est impossible qu’un homme acquière un cerveau encyclopédique. Quelle que soit sa capacité, la somme des connaissances humaines dépasse la capacité cérébrale des plus doués. Et l’être le plus intelligent n’acquiert des connaissances en largeur,