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à répondre de façon analogue, c’est devant la question du vote.

Et, comme cette question d’élection se dresse à chaque instant dans la vie de propagande, puisque journellement, il y a, quelque part, des candidats à choisir, des élus à proclamer, la lutte reprend à tous les instants, ne s’envenimant pas à chaque fois parce que, déjà, elle a atteint un diapason difficile à dépasser, mais conservant toute son acrimonie.

Ce fut, du reste, sur cette question que, en France se scindèrent les révolutionnaires, et que les anarchistes, se séparant des autres socialistes avec lesquels ils avaient marché jusqu’alors, répudiant absolument le suffrage universel au congrès du Centre en 1879, s’affirmèrent comme anarchistes et commencèrent leur propagande particulière.


Ayant reconnu que le bulletin de vote était non seulement incapable d’affranchir les exploités, mais était aussi, surtout, un instrument de domination et de tromperie à l’égard des travailleurs, les anarchistes combattent le suffrage universel non seulement comme inutile, mais comme très dangereux… pour ceux qui s’en servent.

Et les socialistes ne peuvent leur pardonner d’enseigner aux électeurs que le suffrage universel est un mensonge, eux qui ont basé toute leur fortune politique sur lui.

Mais cette divergence n’est, en somme, que la continuation de la lutte entre l’esprit de domina-