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ble ici-bas. Lui montrant les délices célestes, pour le faire se plier aux souffrances imposées par les grands de la terre.

Et l’anarchie n’est que la continuation de l’éternelle protestation des exploités et des opprimés contre les exploiteurs et les oppresseurs. L’expression, sous une forme nouvelle de leurs désirs de bien-être et de liberté.

Seulement, forts des leçons du passé, nous ne plaçons plus notre confiance en les sauveurs, nous voulons faire notre bonheur nous-mêmes.

Les mots et les étiquettes sont souvent détournés de leur signification. Le plus souvent, les partis politiques leur ont fait signifier tout autre chose que ce qu’ils comportaient primitivement.

Mais lorsqu’on compare le programme anarchiste avec le programme des socialistes d’antan, on peut affirmer que ceux-là sont bien les continuateurs de ceux-ci, et que ce sont les socialistes qui salissent le mot de socialisme, en le mêlant à leurs tripotages louches du parlementarisme.

Seulement l’entendement humain s’étant élargi, l’homme ayant appris à tirer des déductions logiques des faits observés, ses rêves, vagues d’abord, mal définis, ont fini par prendre corps, par s’asseoir sur des bases positives, désignant des conceptions nettes, précises, voulues d’une façon consciente au lieu de se formuler en aspirations sentimentales, imprécises, qu’on laissait à des sauveurs inconnus le soin de traduire en faits.

L’homme a compris que, seul, l’individu pouvait réaliser son propre bonheur, et ne devait l’attendre de personne. C’est pourquoi l’anarchie ne se payant