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Les sans-culotte de 1792, les insurgés de 1848, ne voyaient-ils pas dans l’avènement de la République, la fin de leur exploitation et de leur asservissement ?

Pour tous ceux qui peinèrent, souffrirent et luttèrent pour elle, ce mot ne résumait-il pas toutes les aspirations que, à notre époque, renferme l’idéal anarchiste ?

S’il était permis à ceux qui se firent tuer sur les barricades pour la réalisation des choses que leur promettait ce mot de République, de revenir et d’assister à cette salade d’appétits qui nous gouverne, et incarne aujourd’hui, leur idéal si radieux, nul doute qu’ils ne se refusassent d’y reconnaître le rêve pour la réalisation duquel ils sacrifièrent leur existence. Idéal qu’ils avaient rêvé si sublime, si large, si humanitaire, qui, certes, n’avait rien de commun avec le cloaque immonde dans lequel grouillent les politiciens à l’heure actuelle.

Ah ! c’est que, au fond, l’idéal de l’homme n’a guère changé. À cause de son ignorance, ses tentatives d’affranchissement ne lui ont guère profité, ne faisant que déplacer les abus, alors qu’ils croyaient les détruire. Il a, tour à tour, synthétisé ses aspirations dans des formules nouvelles, mais ces aspirations restaient toujours les mêmes : Liberté de son être, bonheur pour lui et les siens, voilà ce qu’ont alternativement représenté tous les systèmes politiques et économiques qu’il inventa.

Cependant, les systèmes religieux lui faisaient prendre patience, en lui faisant espérer une vie supra-terrestre d’autant meilleure, et d’autant comblée de félicités qu’il aurait été d’avantage miséra-