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thète de politicien est, le plus souvent, prise en mauvaise part, celle de socialiste ne sonne guère mieux aux oreilles des politiciens et de ceux qui ne s’occupent des questions économiques que pour y trouver la justification du système capitaliste, ne veulent réformer l’ordre social que pour le rendre invulnérable aux attaques des spoliés, et, en général, à tous les satisfaits de l’ordre de choses existant.

Ils ne veulent pas de l’épithète « socialiste ». Ce sont des « Sociologues », des « Économistes », car « Économie » et « Sociologie » sont des sciences dont ils sont les docteurs, et le socialisme et l’épithète de « socialiste » reste, en définitive, à ceux qui, quelle que fût l’organisation sociale rêvée par eux, quels que fussent les moyens qu’ils préconisèrent pour y arriver, voulaient, en somme, une meilleure répartition des richesses sociales, un système économique qui assurât à chacun, quel qu’il fût, le produit intégral de son travail, et la disparition complète de la misère.

Et les Morus, les Morelly, les Campanella, les Buonarotti, les Babeuf, les Fourier, et tant d’autres qu’il est superflu de citer, mais qui restent les véritables précurseurs du socialisme, ne voulaient pas autre chose.

Nivellement des inégalités économiques sociales, suppression de la propriété individuelle, ou, tout au moins, sa subordination au bien-être général, suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme. Ce fut ce programme qui fut toujours compris comme étant le fond même de l’idée socialiste.