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tre programme d’émancipation, abandonnons-leur cette besogne, laissant à l’expérience le soin de les désillusionner sur leur besogne négative. Mais nous autres marchons fermement vers le but entrevu, avec la conviction que, s’il ne nous est pas donné de l’atteindre, nous aurons, tout au moins, travaillé à sa réalisation future, que nous aurons déblayé la route, facilité la marche en avant à ceux qui viendront après nous, et progressé nous-mêmes, de tout ce travail accompli.

Une idée ne s’impose qu’à force de s’affirmer, qu’à force d’être discutée et de répondre aux critiques. Si, avant toute chose, vous déclarez que ce que vous demandez est irréalisable, comment voulez-vous grouper autour de cet idéal, des individus résolus à le conquérir ?

Nous, anarchistes, savons et soutenons que le nôtre est réalisable si tous ceux qui sont intéressés à sa réalisation veulent se donner la peine d’y travailler ; s’ils savent agir par eux-mêmes, sans attendre que ça leur vienne du ciel… parlementaire ou autre.

Et, en effet, au fond quelle est la seule objection faite à ce que nous désirons ?

« C’est juste ce que vous demandez, mais trop beau pour être possible » ! nous dit-on.

Or, si c’est juste, c’est possible. Il n’y a qu’à le vouloir. C’est irréalisable parce que nous sommes peu à l’avoir compris et à le vouloir. Travaillons à convaincre les gens de la vérité de ce que nous avons entrevu, et chaque individu nouveau que nous aurons convaincu, sera une possibilité de plus d’acquise ; nous obtiendrons des résultats bien