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vantage d’en admettre d’autres : la même lumière divine, dans doute, fera que ceux qui ne sont pas assez capables de savoir se diriger eux-mêmes seront devenus, cependant, assez habiles pour aider à édicter des règles générales auxquelles tous devront se plier ?


L’autorité, lorsqu’elle s’appuyait sur le droit divin, avait son point de départ faux, mais ce point de départ admis, elle semblait logique. « Les hommes trop bêtes ou trop méchants pour vivre en paix, avaient besoin que certains êtres plus éclairés prennent le souci de les tenir dans le respect des droits des uns des autres. »

« Dieu avait délégué ce pouvoir à des êtres choisis, » cela allait tant bien que mal, tant que le point de départ n’était pas contesté. Il arrivait bien parfois qu’un des parents de l’élu, pressé de se dévouer, lui aussi, au bien général, faisait descendre un peu rudement du pouvoir le favori. Mais une fois en place, c’était lui qui était chargé de la mission divine. C’était la fonction qui faisait le mérite de l’individu.

Mais ces accrocs à la mission divine n’allaient pas sans ébranler le principe. Il vint un temps où l’autorité se réclama surtout de la force. Là encore, elle peut conserver un semblant de logique. « La majorité dans les peuples n’étant qu’une masse de crétins, je me crois assez intelligent pour les gouverner et leur donner ce bonheur qu’ils sont incapables de se créer, j’emploie l’autorité que me donne le hasard, la connaissance, l’intrigue ou