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que le présent, se laissant escamoter l’avenir, n’ayant pas su le prévoir. La révolution économique qui se prépare doit avoir un lendemain. Il ne faut pas que la société qui aura été disloquée par la commotion puisse se reformer sous une nouvelle étiquette.

Et pour cela, à côté de la propagande qui dit aux individus qu’ils ont le droit de se révolter contre ce qui les entrave, il faut celle, ardente et continue, qui leur enseigne comment ils sont exploités, comment ils l’empêcheront.

Une révolution qui n’aurait que pour objectif — et c’est ce qui est à craindre avec une propagande qui se contente de faire appel au ventre, sans le cerveau — que de faire main-basse sur les produits accumulés, et de jouir sur le tas de tout ce dont ils ont été sevrés depuis toute leur existence, cette révolution risquerait fort de n’être qu’une immense saoûlerie sans être une révolution sociale ; car, une fois gavés les inconscients se laisseraient encore berner par les phraseurs et les ambitieux.

Peut-être, la prochaine révolution ne réalisera-t-elle pas tout ce que nous désirons. Peut-être ? nous n’en savons rien ; qui peut prévoir ce que nous réserve l’avenir ? Elle sera ce que seront les individus qui l’accompliront. Mais en tous cas, elle doit apporter une amélioration sur l’état présent.

Pour qu’elle ait des effets durables, il faut qu’elle apporte des réalisations immédiates et des soulagements aux meurts-de-faim, qu’ils s’emparent de tout ce dont ils auront besoin, mais qu’ils sachent aussi s’organiser pour en continuer la production, en supprimant les intermédiaires parasites.