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la libre expansion de l’individu ; mais loin de vouloir faire reculer la civilisation, c’est un idéal plus grand, plus généreux et plus naturel que nous lui apportons.

Seulement, comme une société ne se retourne pas comme un gant, nous savons que cet idéal ne peut se réaliser du jour au lendemain, nous savons que, pour se traduire en fait, il faut que la révolution soit préparée par une période évolutive. Et c’est pour imprimer notre idéal à cette évolution que nous ne voulons pas apporter de restrictions à notre programme, que nous voulons le développer et essayer de le réaliser dans toute son intégralité.


D’autre part, la société égalitaire que nous désirons, ne peut s’imposer. Elle doit être la résultante libre de la libre évolution de tous. Il faudra donc que ceux qui formeront la minorité agissante qui doit entraîner la masse en son évolution, soient bien conscients de ce qu’ils voudront pour que le nouvel ordre puisse s’établir par la seule force des choses, sans coercition.

À chaque obstacle renversé, doit surgir une action nouvelle nous rapprochant du but entrevu. L’initiative individuelle doit, graduellement, remplacer les rouages politiques mis hors d’usage. Il ne faut donc pas avoir crainte de remuer trop d’idées, mais peur, au contraire de ne pas en remuer assez.

C’est beaucoup plus facile de dire aux individus qu’ils sont malheureux, qu’ils sont exploités, opprimés, et qu’ils ne doivent plus souffrir l’arbitraire,