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en toute leur intégralité. Elle saura assez déjà tailler elle-même pour n’y prendre que ce qu’elle pourra s’assimiler, pour que nous n’ayons pas à nous préoccuper de l’opportunité de ce qui doit lui être donné.

Et comme notre émancipation est attachée à celle de la foule, c’est en cherchant à élever ses conceptions que nous aiderons, en même temps, à notre affranchissement.

Si, en 1789, la bourgeoisie fut prête à s’emparer du pouvoir, c’est que, pendant les siècles d’oppression, tout en amassant des richesses, elle s’était essayé à l’exercice du pouvoir en l’administration des guildes et corporations, des communes, et divers emplois que lui abandonnait la morgue féodale.

Elle avait étudié, exercé son cerveau, ses facultés ; elle avait travaillé à se développer intellectuellement, profitant de chaque occasion pour conquérir un privilège, se débarrasser d’une entrave. Tandis que, à l’heure actuelle, le prolétariat s’est laissé dépouillé de toute liberté, laisse à chaque moment le pouvoir empiéter jusqu’en ses actes les plus intimes, attendant toujours quelque loi favorable, déléguant ses pouvoirs au lieu que chaque individu les exerce lui-même.

La bourgeoisie savait ce qu’elle voulait, où elle allait, alors que le peuple croupissait dans l’ignorance, n’avait que des aspirations vagues d’amélioration. Aussi, quand éclata la révolution, le peuple ignorant crut aux promesses des bourgeois intelligents, combattit pour les porter au pouvoir, eut assez d’initiative, parfois, pour les forcer à