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comme meneurs, que ceux qui sont à son niveau comme moyenne cérébrale, ou savent flatter son ignorance, épouser ses préjugés, soit qu’ils les partagent, soient qu’ils croient habile de s’en servir…

Si la foule vibre aux paroles de l’orateur, son émotion ne dépasse pas la durée du discours ; on l’applaudit comme on applaudit de la bonne musique ; une fois sorti de la salle, c’est le produit de l’état social actuel qui reprend possession de l’individu.

Ce sont les événements qui mènent les hommes, et non pas les hommes qui mènent les événements. Il peut y avoir des hommes plus aptes que d’autres à savoir profiter d’un événement plus favorable à telle transformation, c’est déjà bien beau, mais plier les événements à leur volonté, ce n’est que l’histoire faite après coup qui, n’apercevant plus les mille et un détails de la situation, et ne voyant que les hommes et les résultats, attribue ceux-ci à la prévoyance de ceux-là.


Est-ce à dire que l’influence des individus soit nulle ? Non certes, car ce serait la grande négation de tout esprit de propagande. Tout ce que dit, tout ce qu’écrit, tout ce que fait un individu a une répercussion sur d’autres individus, venant modifier leurs pensées et leurs actes.

Mais cette répercussion peut ne pas être absolument identique à la pensée de celui qui a parlé, écrit, ou agi, car d’autres ont parlé, écrit et agi, ayant également leur répercussion sur ceux qui les entourent. Personne ne sait quelles sont les modifi-