Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deler ensuite notre action en connaissance de causes.

Et lorsque, sous prétexte d’avancer l’idée anarchiste, quelques-uns emploient des moyens qui sont le contraire de l’anarchie, pourquoi ceux qui désapprouvent ces moyens n’auraient-ils pas le droit de le dire ? Sectaires ! c’est bien tôt dit. Il faut l’être parfois pour ne pas se laisser détourner de son chemin.

Malgré que l’anarchie ne forme pas un parti comme les autres, avec des règles étroites, imposées par une majorité ou par des meneurs, on n’en a pas moins l’habitude d’attribuer à tous les anarchistes ce que peut dire ou faire un seul individu qui se dit anarchiste. Suffit-il que l’on ait mis à cet acte, à cet écrit, à ce discours, une épithète anarchiste, pour que, anarchiste, je n’aie plus le droit de le critiquer ? Ce serait l’autoritarisme le plus intolérable, puisqu’il ne tendrait rien moins qu’à me solidariser malgré moi, avec ce que ma façon de penser repousse de toutes ses forces.

La meilleure critique, je le sais, consiste à faire mieux que ce qu’on désapprouve. C’est à quoi doivent tendre tous nos efforts, mais, parfois, il est urgent de donner notre avis sur tel fait accompli, et nulle étiquette ne peut le soustraire à notre jugement.

Ce jugement, il est évident, ne comporte d’autre sanction ou obligation que pour celui qui l’émet d’agir dans le sens de la critique qu’il a formulée. Celui qui est critiqué reste toujours libre de continuer d’agir et de penser comme il l’entend, et, de son côté, de ne se solidariser qu’avec ce qui