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été énormes, étant donné le peu de moyens dont elles disposent, et leur relative jeunesse, elles n’ont pas pris encore un très grand développement.

Et si elles n’ont pas encore trouvé ce fort courant de sympathie qui entraîne parfois les masses vers les idées nouvelles ; si le cerveau des travailleurs, — eux qui sont les premiers intéressés à désirer une transformation sociale — est, jusqu’à présent resté réfractaire à leur acceptation, la cause principale en est certainement, aux lois naturelles qui font que les cerveaux ne se pénètrent que lentement de toute idée qui rompt avec les préjugés reçus, avec tout ce que nous tenons de notre éducation faussée. Cependant, il faut avouer que la propagande anarchiste a manqué de tactique, d’esprit de suite, et de coordination, est faite à la diable.

Cela, du reste, était inévitable. Ce n’est que peu à peu que les individus apprennent à mettre d’accord leurs actes avec leur façon de penser ; ce n’est qu’en constatant les fautes commises que l’on s’aperçoit de tout ce que l’on n’avait pas envisagé.

Si la confusion a été dans les idées, c’est qu’une idée d’autant d’ampleur ne peut sortir, spontanément, toute créée d’un cerveau. D’abord simple aspiration, vague et mal définie, il lui faut passer par la critique et différents cerveaux pour qu’elle acquière tout son développement.

Peu d’individus, à l’aurore d’une idée, peuvent la comprendre dans tout son ensemble, ou sont capables d’en tirer toutes les déductions qui en découlent.

Dans le domaine social, par exemple, les uns commencent par discuter l’appropriation indivi-